Dans le cadre de son partenariat avec le film Louloute (sortie le 18 août, allez-y !), nous avons rencontré son réalisateur Hubert Viel pour parler conte, années 80, crise du lait, Normandie et circuit court dans le cinéma !
Que cultivez-vous ?
Je cultive des films. J’essaye de faire pousser des films en Normandie. Des films biologiques, il y a très très peu de pesticides et c’est du circuit court.
Louloute est une enfant de votre enfance ?
Louloute c’est une copine d’enfance on va dire, j’avais ce genre de copines.
Louloute est un conte ?
Ce n’est pas qu’un conte car j’aime le mélange des genres, c’est un conte, un drame, une tragédie, une comédie. Mais il y a toujours chez moi un côté conte qui s’adresse à tous, enfin j’essaye, donc le conte ça me va bien.

Louloute dit à son père : “pourquoi tu ne vends pas du lait aux gens qui boivent vraiment du lait ?”
Oui c’est le bon sens enfantin. L’enfant ne comprend pas la mondialisation. C’est aussi un film sur l’économie concrète.
La petite Louloute et la grande Louise représentent-elles le lien entre les travailleurs des champs et les travailleurs des villes ?
On a une petite Louloute très attachée à la terre, et le contre-point total avec Louise qui vit en ville et dans le tertiaire, elle est déracinée.
Les souvenirs deviennent vrais et la réalité fausse ?
Oui les souvenirs sont plus vrais que la réalité, c’est pour casser cette traditionnelle ligne du temps avec un passé qui n’existe plus et un présent qui n’est que réalité. Le cinéma permet, via le rêve, d’inverser la vapeur et de faire en sorte qu’un tableau a parfois plus de réalité qu’une photo prise tout de suite, c’est plus universel et éternel. Il y a cette idée à travers ce film via ce personnage qui a des souvenirs.

Vous avez tourné en 16 mm ?
C’est un format qui m’est habituel, je tourne quasiment tout en pellicule et c’était particulièrement adapté au film Louloute car je voulais rendre compte de ces années 80, esthétiquement très spéciales en terme de couleur, de matières et notamment à la campagne, sans partir sur un truc vintage. Mais aussi pour avoir une disciple technique car on ne peut pas laisser tourner des heures. Quand on dit “action” il ne se passe pas les mêmes choses.
Le tournage a été un cauchemar ?
Pas du tout. Au contraire, c’était plutôt une fête. C’est super important que les gens se sentent bien, qu’ils se respectent. Il y a beaucoup trop de tournages qui se font dans la souffrance et l’arrogance. Pour moi le tournage doit être une fête, même avec le peu de moyens qu’on a.
Et le montage est comme dans vos rêves ?
Pas du tout. Nous avons eu un an de montage, avec des remises en question et un casse-tête chinois mais au final il me plait beaucoup.


Mais un conte est aussi un acte politique.
Le conte est politique dans le sens où il traite de problématiques habituelles et notamment de choses sociales, en les remettant dans un discours extrêmement simple et enfantin.
On est au cœur des années 80 avec les problèmes de l’agriculture “moderne”.
C’est le retour de bâton des 30 glorieuses. On est passé d’une France très performante en auto-suffisance et avec tous les avantages du rural et des améliorations modernes au règne du libéralisme donc c’est la première grande crise agricole. Les années 80 marquent une vraie rupture et un vrai tournant libéral et spécifiquement dans le lait, c’est pour cette raison que j’ai choisi ce sujet.

Vous aviez des parents de potes d’enfance qui vivaient ce que vit cette famille dans le film ?
Complètement, moi j’étais dans une école primaire sans aucune distinction sociale, on portait des blouses. Donc c’est en allant chez mes copains le samedi que je voyais des choses que je n’aurais même pas imaginées. Il y avait déjà un côté machine à remonter le temps. Et j’avais plusieurs amis, que je croisais aussi au marché car ils vendaient leurs produits, qui vivaient ce que vit cette petite.
Le père rit de la lecture d’une BD dans son bain.
Il se rattache à ce qu’il peut. C’est un fantôme, il apparaît, il disparaît, il éclate de rire, il part, il est là sans être là car il est à la maison mais toujours à la ferme donc il n’est jamais là. Il ne prend pas de vacances, il ne part pas.

Relocalisation et circuit-court sont aussi des sujets pour le cinéma ?
Oui forcément. Dans le cinéma, la proximité a été beaucoup perdue. Le cinéma est devenu très concentré à Paris et notamment pour les films d’auteur. Louloute a été fait pour échapper à cette loi.
Le film se déroule au pays d’Auge, aussi le pays du lin.
Il y a pas mal de producteurs de lin chez moi mais je ne savais pas que c’était le premier producteur au monde. Vive le Calvados !
Un objet de votre quotidien ?
Une longe de cheval car j’habite dans un haras et je m’occupe beaucoup des chevaux. Mais elle me sert aussi de laisse pour mon chien.
Un lieu à nous faire découvrir ?
Un village dans l’Orne, Saint-Céneri-Le-Géreil, on se croirait en Toscane ou en Provence, dans une cuvette avec un ruisseau. C’est un saint italien de l’époque médiévale qui l’a fondé, c’est magnifique, allez-y tous !
Un lien pour une prochaine interview ?
Un trio de jeunes filles qui s’appelle Paris-Banlieue. A écouter !
Cultiver le lien en retrouvant Hubert Viel et le film Louloute
sur Instagram @tandem.films
sur le site : tandemfilms.fr
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