La terre chamottée de Nolwenn

Les petits PAïSAN vont régulièrement à la rencontre de leurs clientes et clients pour cultiver le lien entre ceux qui ont produit les objets et ceux qui les utilisent. Aujourd’hui nous échangeons avec Nolwenn, jeune potière, qui ne quitte plus son tablier PAïSAN pour taper la terre noire chamottée.

 

Que cultivez-vous ?
Je cultive l’art du Hygge, c’est le bien-être à la danoise. Créer une atmosphère chaleureuse et profiter de la vie simple et être dans l’instant présent. À la base je suis extrêmement impatiente et avec la terre il n’y a pas le choix, il faut être patient et attendre entre chaque étape.

Quel parcours avant de venir à la terre ?
Je suis passé par toutes les étapes, j’ai mis du temps à me trouver. J’ai fait un peu de tout, de la vente, de la compta… Après j’ai voulu revenir à quelque chose en lien avec les mains à travers le modélisme de vêtements mais j’ai vite compris que ce n’était pas mon univers. J’ai ensuite découvert la poterie un peu par hasard avec un atelier wecando. Ensuite je me suis inscrit à différents cours pour faire jusqu'à 5h de poterie par semaine en plus de mon travail.

Où est votre atelier ?
À Versailles, chez mon ancienne prof qui m’accueille le temps que je m’installe vraiment.

Quels objets proposez-vous ?
Surtout de l’utilitaire et art de la table, des tasses, des assiettes, des plats, et aussi des vases.

On parle de poterie quand c’est utilitaire et de céramique quand c’est artistique ?
Oui, et moi je suis potière. Je tourne beaucoup d’objets. Mais j’aime aussi beaucoup le modelage qui sera plus artistique.

Les différentes étapes, de la terre à l’objet ?
On commence par travailler la terre, bien la mélanger pour éviter les bulles d’air qui exploseraient à la cuisson. Il y a la technique de la tête de bélier mais ce n’est pas celle que j’utilise. Je malaxe la terre et ensuite je prends la quantité dont j’ai besoin pour la taper dans la main pour chasser toute l’air.

PAïSAN rencontre Nolwenn Baillet - Potière
PAïSAN rencontre Nolwenn Baillet - Potière
PAïSAN rencontre Nolwenn Baillet - Potière

Ensuite on passe au tour ?
Ensuite on décide de faire du modelage ou de tourner la terre, ce que je fais. On monte la terre, on la centre. Une fois que j’ai fait ma pièce, je la laisse sécher un ou plusieurs jours, en fonction de la température pour la tournasser, c'est-à dire faire le dessous de la pièce. Ensuite, le temps de séchage va durer de une semaine à un mois. Si on attend pas assez, le choc thermique peut faire craquer la pièce.

Et enfin le four ?
J’enfourne une première fois,  ce qu’on appelle la cuisson biscuit pour la faïence ou dégourdi pour le grès. On cuit la pièce à cru à 980°, l’opération dure 24h le temps que la température monte et qu’ensuite le four refroidisse. On peut ouvrir le four à partir de 150°, au-dessus c’est risqué.

Quelle différence entre le four électrique et le four à bois ?
Pour l'instant, j'utilise un four électrique. On parle d’oxydation avec le four électrique et de réduction avec le four à bois. La terre n’a pas du tout la même couleur à la sortie de cuisson.

Et l’émail ?
Je sors la pièce et je l’émaille avant de la cuire à nouveau, à 1280°.

Vous utilisez de la terre noire chamottée ?
Je n’utilise que du grès, surtout de la chamotte pour son rendu et son aspect brut, et j’aime particulièrement la terre noire chamottée qui vient de la Puisaye en Bourgogne, chez Solargil.

Une collection Lunaire ?
C’est parti d’un test, je me suis amusé avec les formes et un mélange d’émail qui donnait un aspect « cratères ». La recette est simple mais la rencontre de cette terre avec cet émail donne ce résultat.

PAïSAN rencontre Nolwenn Baillet - Potière
PAïSAN rencontre Nolwenn Baillet - Potière
PAïSAN rencontre Nolwenn Baillet - Potière

Vous portez un tablier PAïSAN.
C’est un tablier d’une très belle qualité. J’adore le lin car ça se lave très bien et c’est super résistant. C’est la première chose que je fais en arrivant à l’atelier, je mets mon tablier.

L’objet du quotidien ?
Ce n’est pas un objet mais mes mains sont évidemment très importantes. Sinon je dirais l’estèque. J’apprends encore et je prends des cours avec un maître-potier qui a 93 ans, Augusto Tozzola à Ivry sur Seine, qui me demande la perfection mais c’est vrai aussi que j’aime tout ce qui est imparfait.

Vous regardez des vidéos de tournage en accéléré sur Instagram ?
Bien sûr ! J'adore, je trouve que c’est apaisant. J’aime bien suivre le compte @potteryforall.

Un lieu à nous faire découvrir ?
Provisions à Marseille. Une épicerie avec aussi des livres, des fleurs (@fleurs_d_arles), des céramiques… des productions locales dans un bel endroit.

Un lien pour une prochaine interview ?
Désirée, un café fleuriste dans Paris. Uniquement des fleurs locales et de saison avec des filles engagées.

Cultivez le lien en retrouvant Nolwenn Baillet 
sur Instagram @nolwennbaillet
sur Internet nolwennbaillet.com

 

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